Femmes de Tech
Vanessa Soulié, DSI de Radio France et Présidente de l'association Les Singulièrespar David Abiker

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Vanessa Soulié est la DSI de RadioFrance. Elle est au service des métiers de la radio publique et ils sont nombreux. Elle apprécie dans son travail le défi intellectuel, la transformation et l’amélioration continue.
Nous avons un double enjeu : d’un côté, offrir des solutions robustes et sécurisées pour que les équipes puissent travailler efficacement ; de l’autre, piloter des projets de modernisation, en intégrant l’IA, l’automatisation et les nouveaux usages collaboratifs pour améliorer l’efficacité et l’expérience utilisateur.
Chez Radio France, la technologie n’est pas une fin en soi, mais un levier stratégique au service de l’organisation. Mon rôle est donc de faire le lien entre la technique et les enjeux métiers, en construisant avec les directions des solutions adaptées à leurs besoins, tout en anticipant les évolutions du numérique.
Ce qui m’a attirée vers les systèmes d’information, ce n’est pas seulement la technologie, mais le pouvoir de transformation qu’elle offre. Très vite, j’ai compris que l’IT n’a de sens que si elle sert un projet humain et organisationnel. Derrière chaque projet SI, il y a des métiers à accompagner, des talents à révéler, des collectifs à faire grandir. C’est un domaine où l’on construit, innove, et repense le futur, et ça, ça me passionne.
Je n’ai jamais suivi une trajectoire de carrière classique, mais j’ai toujours eu cette envie d’apprendre, de comprendre et de relever des défis. C’est pourquoi je me suis formée en continu, avec des passages à Dauphine, l’ESSEC et Polytechnique, pour enrichir ma vision et croiser les approches technologiques, stratégiques et humaines.
Aujourd’hui, mon approche des SI est hybride : ce sont à la fois des outils, des accélérateurs et des révélateurs de talents. Un bon système d’information ne se mesure pas uniquement en termes de performance technique, mais en fonction de l’impact qu’il génère sur les équipes, les process et la capacité de l’organisation à évoluer.
Mais à un moment, j’ai eu envie de me tester autrement. J’ai voulu voir ce que la transformation numérique signifiait de l’intérieur, en travaillant directement pour des entreprises. C’est ainsi que j’ai pris des postes de directrice des opérations dans des structures intermédiaires, puis celui de Directrice Cloud Europe chez Air Liquide. C’était un défi intellectuel intense, avec des enjeux technologiques de haut niveau. Mais plus je montais dans la hiérarchie, plus je sentais un décalage entre mes convictions et la réalité du poste. J’avais du mal à trouver ma place dans des environnements où la prise de décision était parfois éloignée du terrain, et où la dimension humaine me semblait s’effacer derrière les logiques stratégiques.
Et c’est là que Radio France est arrivée comme une évidence. C’est une entreprise où il y a un attachement profond à la mission et à la maison, où les gens ne sont pas là par hasard, mais par passion pour la culture, l’information et la musique. Ce qui m’a tout de suite frappée, c’est le management bienveillant, l’envie de faire avancer les choses ensemble, avec du sens.
Ici, la technologie est au service d’un projet plus grand que soi : accompagner la création, la transmission, le service public. Il y a une vraie cohérence entre innovation et engagement collectif, et c’est dans cet équilibre que je me retrouve pleinement aujourd’hui.
Travailler en équipe, bâtir ensemble, repousser les limites et voir les résultats concrets, c’est ce qui me donne de l’énergie. Et chez Radio France, il y a ce supplément d’âme : une entreprise où les gens sont engagés, attachés à la maison, investis dans une mission qui a du sens, que ce soit la culture, l’information ou la musique.
En revanche, ce qui pourrait me donner envie de rester couchée, c’est la méchanceté, la manipulation, les jeux de pouvoir stériles. Je déteste les gens qui défendent leur territoire sans penser au collectif, car au final, tout le monde y perd. Rien ne m’épuise plus que les postures d’ego, les querelles de périmètre, au détriment du progrès.
Mes véritables mentors ne viennent pas du tout de l’IT. Ce sont des figures qui m’ont inspirée par leur résilience, leur inventivité, leur sensibilité au monde. Par exemple, Barbara, qui ne connaissait pas le solfège mais qui jouait du piano de manière sublime, prouvant que le talent et l’émotion dépassent les cadres établis. Ou encore Stefan Zweig, un écrivain d’une grande humanité, d’une empathie rare, toujours en quête de sens et d’harmonie.
Et puis, si je devais citer quelqu’un dans mon entourage professionnel, ce serait mon boss actuel. Et ce n’est pas pour le flatter, mais parce que c’est un leader humain, brillant etvéritablement inspirant. Ce n’est pas si fréquent de croiser des dirigeants qui conjuguent intelligence, bienveillance et vision.
En fin de compte, mes modèles ne sont pas des figures de pouvoir ou des experts techniques. Ce sont des personnes qui, par leur audace, leur regard sur le monde et leur manière d’être, m’ont appris qu’on peut trouver sa place autrement, et que la force vient aussi de la sensibilité et de l’inventivité.
Moi-même, je viens d’un parcours littéraire. Rien ne me destinait à l’IT, et pourtant, j’y ai trouvé un champ des possibles incroyable, où l’on peut créer, transformer, innover. L’informatique, ce n’est pas juste coder devant un écran toute la journée, c’est résoudre des problèmes, imaginer des solutions, comprendre le monde autrement.
Et surtout, on a besoin de vous. On a besoin de regards différents, de manières de penser variées, de talents qui ne rentrent pas dans les cases habituelles. Trop souvent, les jeunes filles se mettent des barrières qui n’existent pas. Osez. Testez. Expérimentez. Peut-être que vous découvrirez une passion là où vous ne l’attendiez pas.
Enfin, je leur dirais que les sciences et l’IT sont des outils puissants, mais qu’ils ne définissent pas qui vous êtes. Ce n’est pas une identité, c’est une clé pour comprendre et agir sur le monde. Alors prenez-la, et utilisez-la à votre manière.
Dans mon équipe, on ne fait pas juste tourner des systèmes, on accompagne de vraies transformations. On est au cœur des grandes fonctions stratégiques de Radio France : RH, finance, audit, communication… On travaille avec 12 directions clientes, et chacune a ses défis, ses enjeux, ses ambitions. On est là pour les aider à évoluer, à grandir avec les bons outils et la bonne vision.
Je lui parlerais aussi de l’environnement unique de Radio France. Ici, les gens sont engagés, attachés à la maison, et portés par une mission qui a du sens : la culture, l’information, la musique. Ce n’est pas une entreprise comme une autre. Il y a une bienveillance réelle, un esprit collectif, et un cadre de travail où l’on peut à la fois être exigeant et humain.
Enfin, je lui dirais que je ne cherche ni des mercenaires de l’IT, ni des gens qui veulent juste cocher une ligne sur un CV. Je cherche des passionnés de transformation, des esprits curieux, des gens qui ont envie de faire bouger les choses et d’évoluer dans un cadre stimulant.
Donc si vous hésitez, posez-vous la seule vraie question : avez-vous envie de contribuer à quelque chose qui a du sens, dans une équipe où vous pourrez apprendre et faire grandir les autres ? Si oui, alors vous êtes au bon endroit.
Mon engagement dans cette aventure, c’est aussi une rencontre, celle avec Karina Messaoudi, ma co-fondatrice. Nos parcours, nos sensibilités et nos expériences se sont rejoints autour d’une conviction commune : il est urgent de changer le regard des entreprises sur la neurodiversité et de créer un cadre où chacun peut exprimer son plein potentiel.
Pourquoi je me suis investie ? Parce que c’est un sujet qui me touche profondément. J’ai toujours été fascinée par les parcours atypiques, les talents qui ne rentrent pas dans les cases, les intelligences différentes. Trop souvent, ces personnes sont mal comprises, sous-estimées, ou même exclues des organisations, alors qu’elles ont énormément à apporter. Et pire encore, elles passent leur énergie non pas à innover ou à créer, mais à se sur-adapter à des environnements qui ne leur sont pas favorables. C’est un gâchis humain énorme : au lieu de bénéficier de leur créativité et de leur capacité d’innovation, les entreprises les épuisent dans un effort constant d’adaptation. Une logique perdant-perdant qui pourrait être si simple à inverser.
Je crois que l’entreprise de demain doit faire une place à toutes les formes d’intelligence et de fonctionnement cognitif. La singularité cognitive n’est pas une faiblesse, c’est une richesse. Chaque façon de penser, d’analyser, de résoudre les problèmes ou d’interagir avec le monde est une pièce essentielle du puzzle collectif. Une organisation qui sait reconnaître ces complémentarités, qui valorise les forces spécifiques de chacun, sera non seulement plus inclusive et plus humaine, mais aussi plus performante, plus créative et plus innovante.
Avec Les Singulières, nous voulons aider les entreprises à mieux appréhender ces enjeux et leur proposer des leviers concrets pour intégrer ces talents différemment. Il ne s’agit pas d’imposer un modèle, mais d’ouvrir le dialogue, d’accompagner la réflexion et d’expérimenter des approches adaptées. Parce que c’est en cessant de demander aux neuroatypiques de s’adapter en permanence, et en adaptant aussi l’environnement de travail que les organisations pourront réellement évoluer, innover et se réinventer.
En quoi consiste le travail de la Directrice des systèmes d’information du premier groupe radio de France ?
En tant que DSI Corporate de Radio France, mon rôle est de garantir la performance et l’évolution des systèmes d’information pour 12 directions clientes, couvrant des fonctions stratégiques comme la DRH, la Finance, l’audit interne, l’Immobilier, la direction de la réalisation, la production aux antennes ou encore la Communication. Mon équipe veille à la continuité de service et accompagne la transformation digitale de ces métiers, en intégrant l’innovation et en assurant la sécurité des données.Nous avons un double enjeu : d’un côté, offrir des solutions robustes et sécurisées pour que les équipes puissent travailler efficacement ; de l’autre, piloter des projets de modernisation, en intégrant l’IA, l’automatisation et les nouveaux usages collaboratifs pour améliorer l’efficacité et l’expérience utilisateur.
Chez Radio France, la technologie n’est pas une fin en soi, mais un levier stratégique au service de l’organisation. Mon rôle est donc de faire le lien entre la technique et les enjeux métiers, en construisant avec les directions des solutions adaptées à leurs besoins, tout en anticipant les évolutions du numérique.
Parlez-nous de votre formation et de ce qui vous a attirée vers les systèmes d’information ?
Mon parcours dans les systèmes d’information est né d’une rencontre improbable entre mon bagage littéraire et ma curiosité pour les sciences et la logique. J’ai commencé par la philologie, un domaine qui analyse la structure et l’évolution des langages. Et quelque part, l’informatique suit une logique similaire : elle structure, modélise et organise l’information.Ce qui m’a attirée vers les systèmes d’information, ce n’est pas seulement la technologie, mais le pouvoir de transformation qu’elle offre. Très vite, j’ai compris que l’IT n’a de sens que si elle sert un projet humain et organisationnel. Derrière chaque projet SI, il y a des métiers à accompagner, des talents à révéler, des collectifs à faire grandir. C’est un domaine où l’on construit, innove, et repense le futur, et ça, ça me passionne.
Je n’ai jamais suivi une trajectoire de carrière classique, mais j’ai toujours eu cette envie d’apprendre, de comprendre et de relever des défis. C’est pourquoi je me suis formée en continu, avec des passages à Dauphine, l’ESSEC et Polytechnique, pour enrichir ma vision et croiser les approches technologiques, stratégiques et humaines.
Aujourd’hui, mon approche des SI est hybride : ce sont à la fois des outils, des accélérateurs et des révélateurs de talents. Un bon système d’information ne se mesure pas uniquement en termes de performance technique, mais en fonction de l’impact qu’il génère sur les équipes, les process et la capacité de l’organisation à évoluer.
Quel parcours vous a conduit à Radio France ?
J’ai fait une grande partie de ma carrière dans des ESN, où j’ai acquis une expertise solide en systèmes d’information, transformation numérique et gestion du changement. Ce passage en société de services numériques m’a permis d’évoluer dans des environnements variés et de comprendre comment la technologie pouvait accompagner les métiers.Mais à un moment, j’ai eu envie de me tester autrement. J’ai voulu voir ce que la transformation numérique signifiait de l’intérieur, en travaillant directement pour des entreprises. C’est ainsi que j’ai pris des postes de directrice des opérations dans des structures intermédiaires, puis celui de Directrice Cloud Europe chez Air Liquide. C’était un défi intellectuel intense, avec des enjeux technologiques de haut niveau. Mais plus je montais dans la hiérarchie, plus je sentais un décalage entre mes convictions et la réalité du poste. J’avais du mal à trouver ma place dans des environnements où la prise de décision était parfois éloignée du terrain, et où la dimension humaine me semblait s’effacer derrière les logiques stratégiques.
Et c’est là que Radio France est arrivée comme une évidence. C’est une entreprise où il y a un attachement profond à la mission et à la maison, où les gens ne sont pas là par hasard, mais par passion pour la culture, l’information et la musique. Ce qui m’a tout de suite frappée, c’est le management bienveillant, l’envie de faire avancer les choses ensemble, avec du sens.
Ici, la technologie est au service d’un projet plus grand que soi : accompagner la création, la transmission, le service public. Il y a une vraie cohérence entre innovation et engagement collectif, et c’est dans cet équilibre que je me retrouve pleinement aujourd’hui.
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ? Qu’est-ce qui pourrait vous donner envie de rester couchée ?
Ce qui me fait lever le matin, c’est le défi intellectuel, la transformation et l’amélioration continue. J’aime construire, faire évoluer les choses et voir un projet prendre vie. La technologie n’a d’intérêt que si elle sert un projet humain et collectif. Ce qui me motive, c’est aussi d’apprendre chaque jour, de me confronter à de nouvelles idées, d’échanger avec des gens passionnés et de s’enrichir mutuellement.Travailler en équipe, bâtir ensemble, repousser les limites et voir les résultats concrets, c’est ce qui me donne de l’énergie. Et chez Radio France, il y a ce supplément d’âme : une entreprise où les gens sont engagés, attachés à la maison, investis dans une mission qui a du sens, que ce soit la culture, l’information ou la musique.
En revanche, ce qui pourrait me donner envie de rester couchée, c’est la méchanceté, la manipulation, les jeux de pouvoir stériles. Je déteste les gens qui défendent leur territoire sans penser au collectif, car au final, tout le monde y perd. Rien ne m’épuise plus que les postures d’ego, les querelles de périmètre, au détriment du progrès.
Avez-vous eu des mentors, avez-vous été inspirée par des rôles modèles ?
Pas tant que ça, du moins pas dans l’IT. Je n’ai pas vraiment eu de bons managers tout au long de ma carrière. En tant que femme, j’ai souvent été confrontée au mansplanning, aux bâtons dans les roues et à des environnements où il fallait constamment prouver sa légitimité.Mes véritables mentors ne viennent pas du tout de l’IT. Ce sont des figures qui m’ont inspirée par leur résilience, leur inventivité, leur sensibilité au monde. Par exemple, Barbara, qui ne connaissait pas le solfège mais qui jouait du piano de manière sublime, prouvant que le talent et l’émotion dépassent les cadres établis. Ou encore Stefan Zweig, un écrivain d’une grande humanité, d’une empathie rare, toujours en quête de sens et d’harmonie.
Et puis, si je devais citer quelqu’un dans mon entourage professionnel, ce serait mon boss actuel. Et ce n’est pas pour le flatter, mais parce que c’est un leader humain, brillant etvéritablement inspirant. Ce n’est pas si fréquent de croiser des dirigeants qui conjuguent intelligence, bienveillance et vision.
En fin de compte, mes modèles ne sont pas des figures de pouvoir ou des experts techniques. Ce sont des personnes qui, par leur audace, leur regard sur le monde et leur manière d’être, m’ont appris qu’on peut trouver sa place autrement, et que la force vient aussi de la sensibilité et de l’inventivité.
Que diriez-vous à des jeunes filles qui se disent « l’informatique, les filières scientifiques, ça n’est pas pour moi » ?
Je leur dirais d’abord : qui vous a fait croire ça ? Parce que souvent, ce n’est pas un choix mais une idée qu’on nous a inculquée, parfois de manière insidieuse. L’informatique, les sciences, la tech ne sont pas réservées à un type de profil ou à une manière d’être. Il n’y a pas qu’une seule façon d’y arriver et pas un seul modèle de réussite.Moi-même, je viens d’un parcours littéraire. Rien ne me destinait à l’IT, et pourtant, j’y ai trouvé un champ des possibles incroyable, où l’on peut créer, transformer, innover. L’informatique, ce n’est pas juste coder devant un écran toute la journée, c’est résoudre des problèmes, imaginer des solutions, comprendre le monde autrement.
Et surtout, on a besoin de vous. On a besoin de regards différents, de manières de penser variées, de talents qui ne rentrent pas dans les cases habituelles. Trop souvent, les jeunes filles se mettent des barrières qui n’existent pas. Osez. Testez. Expérimentez. Peut-être que vous découvrirez une passion là où vous ne l’attendiez pas.
Enfin, je leur dirais que les sciences et l’IT sont des outils puissants, mais qu’ils ne définissent pas qui vous êtes. Ce n’est pas une identité, c’est une clé pour comprendre et agir sur le monde. Alors prenez-la, et utilisez-la à votre manière.
Que dites-vous à un candidat qui hésite à rejoindre votre équipe ?
Je lui dirais : si vous cherchez un job où l'on exécute sans se poser de questions, ce n'est pas ici. Mais si vous aimez réfléchir, construire, et avoir un vrai impact, alors on va bien s’entendre.Dans mon équipe, on ne fait pas juste tourner des systèmes, on accompagne de vraies transformations. On est au cœur des grandes fonctions stratégiques de Radio France : RH, finance, audit, communication… On travaille avec 12 directions clientes, et chacune a ses défis, ses enjeux, ses ambitions. On est là pour les aider à évoluer, à grandir avec les bons outils et la bonne vision.
Je lui parlerais aussi de l’environnement unique de Radio France. Ici, les gens sont engagés, attachés à la maison, et portés par une mission qui a du sens : la culture, l’information, la musique. Ce n’est pas une entreprise comme une autre. Il y a une bienveillance réelle, un esprit collectif, et un cadre de travail où l’on peut à la fois être exigeant et humain.
Enfin, je lui dirais que je ne cherche ni des mercenaires de l’IT, ni des gens qui veulent juste cocher une ligne sur un CV. Je cherche des passionnés de transformation, des esprits curieux, des gens qui ont envie de faire bouger les choses et d’évoluer dans un cadre stimulant.
Donc si vous hésitez, posez-vous la seule vraie question : avez-vous envie de contribuer à quelque chose qui a du sens, dans une équipe où vous pourrez apprendre et faire grandir les autres ? Si oui, alors vous êtes au bon endroit.
Vous animez une association, Les Singulières, quel est son but et pourquoi vous y êtes-vous investie ?
Les Singulières, c’est une association qui œuvre pour la reconnaissance et l’inclusion de la neurodiversité dans le monde professionnel. On parle souvent de diversité, mais la diversité cognitive reste un sujet peu compris, peu adressé, et souvent sous-estimé. Pourtant, elle concerne 15 à 20 % de la population : des personnes HPI, TDAH, autistes, dys…, qui apportent des compétences et des perspectives précieuses aux entreprises, à condition qu’on leur donne un environnement adapté pour s’exprimer pleinement.Mon engagement dans cette aventure, c’est aussi une rencontre, celle avec Karina Messaoudi, ma co-fondatrice. Nos parcours, nos sensibilités et nos expériences se sont rejoints autour d’une conviction commune : il est urgent de changer le regard des entreprises sur la neurodiversité et de créer un cadre où chacun peut exprimer son plein potentiel.
Pourquoi je me suis investie ? Parce que c’est un sujet qui me touche profondément. J’ai toujours été fascinée par les parcours atypiques, les talents qui ne rentrent pas dans les cases, les intelligences différentes. Trop souvent, ces personnes sont mal comprises, sous-estimées, ou même exclues des organisations, alors qu’elles ont énormément à apporter. Et pire encore, elles passent leur énergie non pas à innover ou à créer, mais à se sur-adapter à des environnements qui ne leur sont pas favorables. C’est un gâchis humain énorme : au lieu de bénéficier de leur créativité et de leur capacité d’innovation, les entreprises les épuisent dans un effort constant d’adaptation. Une logique perdant-perdant qui pourrait être si simple à inverser.
Je crois que l’entreprise de demain doit faire une place à toutes les formes d’intelligence et de fonctionnement cognitif. La singularité cognitive n’est pas une faiblesse, c’est une richesse. Chaque façon de penser, d’analyser, de résoudre les problèmes ou d’interagir avec le monde est une pièce essentielle du puzzle collectif. Une organisation qui sait reconnaître ces complémentarités, qui valorise les forces spécifiques de chacun, sera non seulement plus inclusive et plus humaine, mais aussi plus performante, plus créative et plus innovante.
Avec Les Singulières, nous voulons aider les entreprises à mieux appréhender ces enjeux et leur proposer des leviers concrets pour intégrer ces talents différemment. Il ne s’agit pas d’imposer un modèle, mais d’ouvrir le dialogue, d’accompagner la réflexion et d’expérimenter des approches adaptées. Parce que c’est en cessant de demander aux neuroatypiques de s’adapter en permanence, et en adaptant aussi l’environnement de travail que les organisations pourront réellement évoluer, innover et se réinventer.
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