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Femmes de Tech

Estelle Pon, Cloud Program Director - Société Générale
par David Abiker

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« Je n’ai jamais eu de modèle féminin inspirant dans ma carrière. Ce sont des hommes qui m’ont donnée ma chance. » Engagée dans la transformation de la société générale Estelle Pon parle cash et revendique ses 20 ans d’expérience dans l’IT et le droit qu’on lui fasse confiance et de dire ce qu’elle pense. 
 

Quel est votre poste actuel ? 

Je suis directrice d’un programme de transformation pour la Société Générale au sein du département d’infrastructure.
Je mets en place une nouvelle plateforme de cloud privé.
 

Qu’est-ce qui a déterminé votre intérêt pour les systèmes d’information et l'IT ? 

A 18 ans je ne savais pas ce que je voulais faire. J’ai démarré un cursus d’école d’ingénieur généraliste. Il y avait plusieurs options et après deux ans de préparation intégrée j’ai choisi l’option informatique et électronique. J’aimais l’idée de créer des programmes informatiques et d’inventer.
 

Expliquez-moi un peu le parcours d’étude qui a été le vôtre et ce qui a déterminé votre orientation ? 

J’étais studieuse et j’avais des bonnes notes dans toutes les matières. J’ai choisi de passer un baccalauréat scientifique. Mes parents m’ont toujours encouragée à faire des sciences. La filière ingénieur était une évidence même si au démarrage je ne savais pas que je m’orienterais vers l’IT. Les filles ne sont pas assez encouragées à faire des sciences dans les écoles. Elles sont souvent très studieuses et ont de bons résultats dans toutes les matières. Elles choisissent les matières où elles ont le plus de facilité et ne sont pas assez poussées à prendre des options scientifiques. Au-delà de la matière, il faut se projeter sur un métier.
 

Avez-vous eu des modèles, des figures inspirantes au début de votre carrière, en avez-vous encore aujourd’hui ? 

Je n’ai jamais eu de modèle féminin inspirant dans ma carrière. Ce sont des hommes qui m’ont donnée ma chance. Un premier manager qui m’a encouragée à devenir moi-même manager.
Un deuxième manager qui est venu me chercher pour diriger une équipe de production alors que j’avais un jeune enfant en crèche. Ils m’ont fait confiance et ont cru en mon potentiel.
Mon autre source d’inspiration est ma famille. Mes filles à qui je dis que tout est possible si elles en ont la volonté. Elles me soutiennent dans tous mes choix.
Mon mari m’a toujours suivi. Je pense qu’il faut s’auto-inspirer pour avancer, croire en soi et s’écouter. Ensuite, les bonnes rencontres au bon moment permettent d’accélérer la carrière.
 

Quels problèmes pose selon vous le manque de femmes dans ces métiers de la tech et des SI ? 

Le manque de diversité dans les entreprises réduit la performance. C’est souvent plus confortable pour un manager d’avoir des équipes qui lui ressemblent mais s’il veut vraiment innover, il faut des profils différents qui permettent de confronter les points de vue.
 

Quel plaisir trouvez-vous dans ce type de job ? 

Ce que j’aime c’est que je suis en constant apprentissage et qu’aucune journée ne se ressemble. 
 

Quelle est la phrase que vous avez du mal à supporter dans votre quotidien professionnel ? 

Ce n’est pas une phrase, c’est une attitude. Après 20 ans dans l’IT j’ai l’impression que je dois constamment refaire mes preuves. Je dois justifier mes compétences IT quand je rencontre de nouvelles personnes. J’ai mes 20 ans derrière moi et même si je suis une femme, je crois qu’on peut me faire confiance. J’ai gagné ce droit.
 

Quelle est la galère professionnelle qui pourrait vous donner des cauchemars ? 

Mon travail c’est résoudre des problèmes au quotidien et proposer des solutions. Aucune galère du quotidien ne pourrait me donner des cauchemars. Ce qui pourrait m’affecter c’est le mal être d’un collaborateur de mon équipe. Mais encore une fois, on trouve des solutions. Je garde dans ma tête le discours de l’ancien CEO de coca-cola. Il imagine qu’on jongle avec 5 balles : Travail, Famille, Santé, Amis, Esprit. Le travail est une balle en caoutchouc. Si elle tombe elle rebondit. Les autres balles sont en verre et ne rebondissent pas.
Je sais prendre le recul nécessaire.
 

Quels arguments avanceriez-vous à une jeune fille se disant « l’informatique, la tech, les systèmes d’information ça n’est pas pour moi » ? 

Tout est possible quand on veut. L’IT ça veut tout et rien dire. Il y a énormément de métiers derrière l’IT et nous utilisons plein de compétences : créativité, résolution de problèmes, innovation, capacité d’analyse, encadrement de personnes. Je pense qu’il faut casser l’image de l’informaticien un peu geek. Les informaticiens ont des profils différents et même si on n’est pas passionné par le code, on peut faire une très belle carrière. Le background technique est important mais il ne fait pas toute la carrière.
Je présente mon métier tous les ans au collège/lycée de ma fille et je commence la présentation par :
« Je m’appelle Estelle j’ai 44 ans, je suis manager dans l’informatique à la Société Générale. Mon métier c’est la tech mais c’est surtout encadrer des équipes, me former sur des nouvelles technologies, innover, faire de la finance pour les budgets. Je ne code pas chez moi, je n’ai pas de console de jeux vidéo et j’adore mon métier. »
J’ajoute : « le plus intéressant c’est que l’informatique évolue tellement rapidement qu’on ne sait pas ce qu’on fera dans 10 ans ou 20 ans ».
Je trouve ça très motivant. 
Les filles sont peu représentées et même si ça peut faire peur, ça peut aussi offrir de belles opportunités.
 

Quand vous sentez qu’un candidat ou une candidate met votre offre en concurrence avec un autre employeur, quels arguments mettez-vous en avant ? 

Je mets en avant le champ des possibles sur la suite de la carrière.
C’est important de se projeter sur l’étape d’après. Au-delà du poste en lui-même, je parle des 10 prochaines années pour construire la carrière et les opportunités à venir.
Ce qui me rend heureuse dans mon travail c’est bien sûr le contexte tech et bancaire mais c’est surtout d’accompagner mon équipe dans son évolution. Je suis satisfaite quand mon équipe grandit avec moi et c’est ce que je dis aux candidats.

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