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Quoi de neuf dans la Silicon Valley ?

L’impact inattendu de AutoGpt sur la création de startups de tech
par Georges Nahon

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AutoGPT est probablement la prochaine grande étape de l’intelligence artificielle (IA.).
Révélé le 30 mars, 2023 par un développeur informatique américain, ce nouvel outil logiciel qui augmente chatGPT est proposé en open source. C’est l’un des sujets les plus populaires sur Twitter depuis plusieurs jours et qui gagne continuellement en popularité.

Comment fonctionne AutoGPT dans les grandes lignes

Selon la littérature abondante disponible, AutoGPT permet à différents modèles de langages comme celui de ChatGPT de communiquer entre eux et on peut avoir des agents qui travaillent en arrière-plan qui peuvent se parler, puis accomplir des tâches sans trop d’intervention humaine.
AutoGPT peut faire beaucoup de choses que ChatGPT ne peut pas faire. En effet, contrairement à ChatGPT où l’on envoie une invite (prompt) après l’autre en fonction des résultats obtenus avec la précédente, avec AutoGPT, une fois notre objectif exprimé, le système travaille tout seul et se créée ses propres étapes et avance de façon quasi autonome.
Il peut aussi se connecter au web et à des sites qu’il « juge » utile de consulter notamment pour disposer des informations les plus récentes on indisponibles dans le fonds documentaire qui a servi à entrainer l’IA concerné.
Cela signifie qu’AutoGPT peut s’auto solliciter. Dans la pratique on indique à AutoGPT quel doit être l’objectif final et l’application auto-produira toutes les invites pour accomplir la tâche. C’est la base d’un comportement autonome de l’IA. C'est ce qui est nouveau et fascinant.

Pour faire une analogie grossière, ce serait comme une super macro Excel suffisamment intelligente pour décider elle-même de se corriger ou de développer ses opérations en ajoutant de façon autonome des fonctions en allant discuter avec d’autres macros locales ou distantes et en utilisant des informations trouvées dans le PC en local, dans le réseau de l’entreprise et dans le web.

AutoGPT n’est pas accessible en mode conversationnel pour le moment (avril 2023) contrairement à ChatGPT. Mais y a quelques variantes dont AgentGPT qui est actuellement accessible librement par un navigateur sur le web.

Le phénomène déclenché par AutoGPT transforme la façon dont nous percevons notre interaction et notre relation avec le monde numérique notamment pour les non spécialistes de l'IA ou de l'informatique. Ce serait comme une sorte de version boostée du "no Code" mais en langage naturel.

Le développement de l'IA générative à la vitesse grand V

Ce qui est le plus surprenant c’est la vitesse à laquelle les innovations et les développements apparaissent dans l’espace de l’IA générative AI. Du jamais vu dans la tech. Les évolutions prenaient entre un ou deux ans et maintenant on parle en jours ou en semaines. Et tout laisse penser que cela va s’accélérer de par la très importante communauté grandissante de créateurs et développeurs qui s’est ruée sur ce nouveau domaine qui est également vu comme un nouveau filon, facile d’accès.
Une raison est que les entrepreneurs dans ce domaine n’ont plus besoin de grosses équipes pour se lancer et ce, grâce aux outils comme AutoGPT. Un développeur informatique moyen devrait pouvoir donner les mêmes résultats que ceux d’un crack mais à niveau de compétence inégal et donc à un coût bien plus bas. On peut assez vite disposer d’une grosse force de développement pour pas cher. Pour imaginer et développer AutoGPT, il a fallu un seul développeur par exemple.
Les investissements nécessaires au démarrage devraient donc être bien moins importants pour créer une startup dans l’IA générative. Avec AutoGPT on peut enchainer des agents les uns aux autres qui pourront développer des produits qui seront considérablement moins chers que jusqu’à présent et livrés très rapidement. Et ces microstartups pourraient passer rapidement à l’échelle avec très peu de capital. "Et il se peut aussi qu'à l'avenir, les startups, les équipes et les entreprises ne soient plus nécessaires pour de nombreuses tâches, notamment la génération et la production de logiciels pour effectuer des tâches à votre place." (source: Friedberg)

Une conséquence est que les sociétés de capital-risque et les autres investisseurs ne pourront investir que beaucoup moins dans l'IA générative mais ils pourront le faire dans beaucoup plus de startups. Ce qui peut changer leur modèle économique dans ce domaine. Mais il y aura bien plus d’entrepreneurs vu que le ticket d’entrée est, d’une certaine façon, abaissé considérablement.

De leur côté, les géants de la tech ne sont pas en reste et proposent déjà de nombreuses solutions aux entreprises et aux développeurs indépendant (Amazon, Nvidia, Microsoft, Google, Salesforce, Meta…). C’est en sorte, l’émergence du cloud 2.0 spécialement conçu et optimisé pour l’IA générative. Les entreprises commencent à se doter de leur propre version de chatGPT ou équivalents avec en priorité l'exploitation des fonds informationnels internes et ceux disponibles sur le web pour des verticaux bien précis.
Le PDG d'open.ai qui a créée chatGPT disait en avril 2023 que la course à la taille pour les grands modèles d'IA arrivait probablement à ses limites et que les développeurs de startups trouveront d'autres moyens de les améliorer. Ce qui mettra rapidement à la portée des entreprises et institutions l'utilisation personnalisée de l'IA générative secteur par secteur.

De nombreux partenariats sont déjà annoncés entre les géants et de nouvelles startups de l’IA générative.
Il y aura aussi très vite des acquisitions dans ce domaine.

Le paysage de l’entreprenariat numérique risque de changer avec l’IA générative qui va se déployer bien plus rapidement qu'envisagé dans la vie des entreprises.

Voir :  https://github.com/Significant-Gravitas/Auto-GPT

Pourquoi la Silicon Vallée exaspère les européens avec chatGPT ?

La dernière innovation numérique venant de la Silicon Valley, chatGPT, a l'air de surprendre encore une fois les européens. Chaque vague les désempare et ils ont toujours l'air d'être pris de court. Et chez nous, le leitmotiv du "retard" a toujours ses belles heures. Les désabusés résignés disent que nous devons nous contenter des miettes car nous "ratons les trains".
Pourtant, l'Europe n'a jamais déclaré forfait et son marché intérieur ne manque pas de nombreuses sociétés innovantes dont certaines sont aussi aux USA. C'est le résultat de décennies de politiques étatiques et européennes veillant avec la participation d'investisseurs privés à stimuler la création de compétences et de sociétés dans tous les secteurs clefs du numérique.
La compétence en IA est bien établie en France où il y a beaucoup de sociétés et d'usages. Selon France Digitale, sur 590, start-ups d'IA françaises 76 sont centrées sur l'IA générative. Il n'y a certes pas le créateur de chatGPT mais il y a le français Hugging Face dans le traitement automatique des langues qui est installé aux US et a lancé avec le CNRS le projet de recherche BigScience avec un nouveau modèle de langue : BLOOM. Pourtant, les médias en France en ont bien moins parlé que de chatGPT.

Mais pourquoi est-on si exaspéré par la domination de la Silicon Valley ?

 Parce que l'on sait que l'on ne peut pas mobiliser les mêmes moyens colossaux par exemple en R&D. Il faut noter que même aux USA, la Silicon Valley désempare les autres régions qui essaient toutes de créer des clones avec des résultats en demi-teinte. L'audace culturelle et capitalistique des californiens n'a pas son pareil ailleurs et personne-pas même aux USA- n'arrive à les égaler.

Que chatGPT ait pris le monde par surprise (y-compris aux USA) c'est stupéfiant et déstabilisant car dans les milieux de l'IA on l'a forcément vu venir. Mais même des géants de la tech US (hors Microsoft qui travaille avec ChatGPT) ont été surpris par l'ampleur et la vitesse de son adoption.
C'est un pic qui peut difficilement se produire en Europe à cause des réglementations.
La culture dissidente et de voyous éclairés de la Silicon Valley fait qu'on lance là-bas des produits parfois pas bien rodés et non fiables à la limite des règles, des pratiques et des lois. Et au final, le monde doit faire face à des risques inédits sur l'éthique, la souveraineté, la cybercriminalité. On réagit comme on l'a toujours fait : en se protégeant avec des lois et d'autres plans d'urgence.

Il est possible que le système d'innovation Européen ne permette pas le passage rapide (et en force) à l'échelle qui est nécessaire. Pourtant, Skype, d'origine estonienne avait envahi le monde mais fut finalement rachetée par Microsoft. Et dans les télécommunications, les européens se sont développés sans les américains et plus vite et son industrie a impacté le monde. Récemment le réseau social français BeReal s'est étendu fortement aux USA.
De nombreuses innovations venant de Californie ont été adoptées par les européens en l'absence de solutions compétitives européennes, et l'économie en a profité autant que les américains. Le bilan n'est pas forcement négatif. Et les sociétés de tech américaines utilisent beaucoup les talents européens dans les technologies numériques.
L'adoption spectaculaire de chatGPT laisse perplexe et exaspère mais devrait encourager davantage les entrepreneurs Européens à se lancer dans des projets encore plus audacieux avec ou sans l'aide des pouvoir publics. Et il y en aura. Mais il semble bien que la rampe de lancement mondiale privilégiée se situe encore dans la Silicon Valley. Il faut y aller si on veut décoller massivement.

Georges Nahon, le 20 avril 2023.

 

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